Come back dans le passé
- amandine-munoz
- 17 oct.
- 4 min de lecture
15/02/2024 - Mon Manifesto
J’ai le feu en moi. Un feu qui ne s’éteint pas même si je suis rentrée sous la pluie bordelaise après ma soirée auprès de ce petit groupe de femme avec qui je viens de passer 3H de ma vie.
1H à regarder deux épisodes d’une série sur la thématique des naissances respectées et deux heures d’échanges riches et variées sur l’accouchement, les grossesses, le post partum, la sororité, le consentement, les violences gynécologiques, les non-dits, les tabous autour de la maternité, le mummy brain.
Bref j’ai pu poser ma voix, prendre la parole, exprimer haut ce que je pense tout bas la majorité du temps et me sentir écoutée, me sentir appréciée et pas une paria de ce monde.
Ça me fait du bien et j’ai eu cette image en marchant de moi telle une flamme qui ne pourrait plus jamais s’éteindre et se taire au sujet des naissances. Que oui c’est un sujet politique, oui c’est un sujet où je vais finir par avoir des dogmes car en face il y a ce système, il y a ses femmes, ses couples dépossédés de leur accouchement. Alors oui je vais prendre positions, choisir un camp idéologique mais je suis obligée car il y a en face une machine, un système tellement énorme qui nous empêche d’être qui nous souhaitons être vraiment pendant ce moment si intime qu’est l’accouchement.
Quand je regardais le documentaire, je n’ai pas pu empêcher les larmes de monter quand une femme (maman de deux enfants) a dit « c’est de ma responsabilité en définitive » alors qu’elle venait de vivre un accouchement traumatique avec des violences gynécologiques et que son seul tort ici avait été de croire au système en place et de ne pas suffisamment le remettre en question.
Le sentiment qui m’a envahi a été une profonde tristesse envers cette femme car je me suis dit qu’en fait ce n’était tellement pas juste qu’elle pense comme cela car ce n’était pas de sa faute, ni de sa responsabilité dans un système qui prône le risque, où l’accouchement est perçu comme dangereux, où le corps médical a le plein pouvoir. Quand remettre en question cela à l’échelle individuelle ? ce n’est pas possible. Qu’on arrête de culpabiliser les femmes, les couples de ne pas avoir pris la bonne décision, de ne pas s’être suffisamment questionnés, informés, dans un système où il faut payer une doula, payer des accompagnants qui permettent de déconstruire justement. Des accompagnants qui redonnent la souveraineté aux couples, aux femmes.
Je rêve de cette société où la femme ne se culpabilisera plus de ne pas avoir réussi son accouchement parce qu’en fait elle aura eu les conditions de sécurité affectives et physiques qui lui permettent d’accoucher simplement. Je rêve d’une société où les femmes/les couples vivent leur accouchement comme ils ont fait l’amour en toute intimité sans témoin, sans médiation, sans aide.
En attendant ce jour, en attendant que ça évolue, ça change, je prends position pour des naissances respectées.
Ce soir je me suis rendue compte comme à d’autres occasions que je n’étais pas seule à avoir ces pensées et que j’avais ma place pour poser ma voix, mes idées. Je me suis également rendue compte de cette nécessité de répéter par différents canaux, voix, l’importance de communiquer sur les accouchements, les naissances respectées. Tout ce que j’ai entendu dans les épisodes de naissances respectées, dans mes échanges avec ses femmes ce soir, c’était des échanges que j’avais eu avec Julie (ma sœur) des années au préalable, en 2014. Quand je l’écris comme cela je me dis wow tout ce temps s’est écoulé et j’ai répété ces pensées, j’ai lu , j’ai vu des documentaires, écouté des podcasts et toutes ces femmes qui disent la même chose.
J’ai eu peur de répéter comme elle, comme un perroquet. Et puis ça a fait tilt : mais en fait c’est nécessaire, tu n’es pas un mouton. C’est nécessaire de répéter car le cerveau humain pour imprimer une information doit avoir reçu au moins 7 fois cette info (voire plus).
Et si on veut construire une vrai alternative dans le milieu de la naissance, offrir de vrais choix et bien il va falloir répéter.
Sur l’échelle de la vie humaine, c’est hyper récent cette idée d’accoucher en maternité, de médicaliser voir surmédicaliser les naissances. Ca date des années 50, où les tendances ont été inversées et où on a fait accoucher les femmes dans les hôpitaux, maternité. Et même si ça parait long concernant le chemin inverse, ben en fait c’est pas si long. Car à y regarder de plus près dans la génération des femmes que je connais avant moi : ma grand-mère a accouché à la maison, ma mère à l’hôpital et de ma génération, ma sœur a accouché à la maison. Donc c’est possible d’inverser la tendance et sur finalement pas tant de génération. J’ai pris conscience de ça ce soir.
Autour de la table, on se disait : « merde mais comment nos mères n’ont pas plus questionner, ont vécu les choses si « mécaniquement ». Et en même temps j’ai eu cette idée : « elles l’ont peut-être fait ainsi mais il y a eu quelque chose dans leur façon de faire qui nous a permis nous de venir questionner et de commencer cela : ce nouveau mouvement autour de la naissance, la maternité. »
Et ce n’est pas rien, et la révolution silencieuse va continuer, naissance près naissance.
Changer le monde, une naissance après une autre.
Ps : merci ma sœur Julie de m’avoir mis sur ce chemin, merci humanly
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