Changer le monde: naissance après naissance

Naitre à soi, naitre aux autres. Ma pratique est politique, je sais que je veux qu’il y ait moins de "médicalisation systématisée/hypermédicalisation" pour les accouchements, qu’on respecte les femmes qui accouchent, qu’on respecte les bébés qui arrivent.

Cette vision provient d'un rêve car pour moi tout commence par un rêve. En tout cas dans ma vie tout a commencé par un rêve. Je crois que si on pouvait me décrire le premier mot qui serait le plus juste : rêveuse.

Je suis une grande rêveuse et une grande romantique. Quand j’étais petite, je rêvais beaucoup. Adolescente encore plus ! je rêvais d’amour avec un grand A. Puis à l’université j’ai continué à rêver d’amour tout en étudiant la psychologie, la sociologie et l’anthropologie. Je crois que le rêve de rencontrer l’amour de ma vie était le plus fort. Ce rêve m'a permis de me donner la force de voler de mes propres ailes et de partir vers de nouveaux horizons. Et par un concours de circonstance j’ai choisi de partir étudier un an au Mexique. J’ai rêvé et travaillé pendant un an pour que ce rêve se réalise. En 2006, je m’envole pour Puebla, ville au sud de Mexico city.

Et j’étudie pendant un an la sociologie et l’anthropologie mexicaine mais surtout je rencontre l’homme qui continue de partager ma vie actuellement : un « grand »(parce que physiquement il est grand pour un mexicain ;)) mexicain. Deux ans plus tard, nous décidons de venir vivre en France. C’est marrant parce qu’à l’époque je me dis que mon rêve mexicain s’est réalisé, que j’ai enfin trouvé l’amour. Je ne me rend pas compte qu’il y a beaucoup plus de facettes à ce rêve et que les conséquences se verront jusque dans mon futur professionnel.

Je dis cela parce qu’aujourd’hui, ma pratique du rebozo par exemple découle de cette époque-là et de ce rêve, éaalement pour ma pratique thérapeutique que je développe actuellement en espagnole. Et donc que ce rêve est beaucoup plus ample que je ne l’avais vu à la base.

Entre temps, je nourris d’autres situations avec la notion de devoir et responsabilité : trouver un job stable dans le monde du conseil en conduite du changement, acheter à crédit etc…

Très vite, je ressens une forme d'oppression dans ces choix très "normés" et je cherche une issue. Me voilà partie pour une reconversion dans le monde de la thérapie avec l’hypnose.

C’est une vraie révélation, j’aime accompagner l’autre dans ces problématiques grâce à l’hypnose. L’hypnose rejoint mon côté rêverie. J’embarque les autres dans leur propre imaginaire et leurs rêves pour qu’ils puissent se réaliser.

J’ai besoin de rêver et faire rêver les autres. Je rêve d’un monde d’amour, qu’on construit chaque jour naissance après naissance. Quand je parle de naissance, je pense à naissance respectée. Je souhaite préserver la sécurité, le respect de cet espace sacré qu’est l’accouchement, ce moment où on donne la vie.

Comment respecter chaque naissance dans ce contexte de surmédicalisation ?

Les deux outils que j'ai dans ma besace sont : l'hypnose et le rebozo. Ces deux outils se complètent, l'un permet un travail au niveau mental/inconscient et l'autre au niveau du corps.

Quand j'utilise l'un ou l'autre en fonction des séances et des besoins, c'est toujours dans l'optique de permettre à chaque couple de vivre le moment de grossesse ou d'accouchement au plus proche de leur envie, sortir des peurs inconscientes et des injonctions collectives.

Pour le rebozo, j'ai envie d'expliquer le lien que j'entretiens avec cette étole issue de la culture mexicaine.

Je ressens un lien très fort avec ce tissu originaire du Mexique, de ce pays que je connais depuis maintenant 20 ans. Les rebozos que j’utilisent sont tous issues du Mexique et plus particulièrement d’une zone qui préserve l’artisanat local de production : Oaxaca- Mitla. Il est extrêmement important pour moi de rendre hommage et de respecter cette culture. Je sais que ma pratique du rebozo est une pratique adaptée aux besoins occidentaux. Le corps n’est pas perçu et vécu de la même manière ici et au Mexique. Au Mexique, il est pratiqué en tant qu’art de « mantear ». Ce qui est très différent du slow rebozo que je pratique. Pour autant, j’ai à cœur de me rappeler et de rappeler aux personnes qui reçoivent le soin d’où mes rebozos viennent, de parler des artisans qui le font, de l’utilisation du rebozo dans la société mexicaine (utilisé de la naissance à la mort dans le quotidien, des rituels etc). Afin de ne pas perdre le savoir ancestrale, la culture d’origine. Je sais aussi que les rebozos que j’ai entre les mains, sont produits dans le respect des personnes qui les produisent et des matières qui sont utilisées (jusqu’aux colorants naturels).

Bref pour moi c’est tout une démarche qui se met en place autour de ma pratique. J’associe le corps et l’esprit/le mental pour accompagner chaque personne à donner naissance comme elle le souhaite. Cela s’applique aussi bien aux naissances au sens propre du terme et également aux projets, étapes de vie, quand on nait et renait à soi.