Rebozo and co

Réflexion du mois de mai 2025

Le slow rebozo et ce que j’en ai compris.

En mai 2024, soit environ un an auparavant je me formais à la pratique du slow rebozo.

De cette formation, j’ai retenu les notions de lenteur, de douceur. Le rebozo est au centre de ces deux notions. C’est une étole tissée sur des machines à pédales donc de manière encore traditionnelle, originaire du Mexique. Là-bas, elle est utilisée de la naissance à la mort.

Pendant la grossesse, les sages-femmes traditionnelles, « les parteras », utilise le rebozo pour soulager la femme qui peut ressentir des douleurs. De même que pour aider à placer le bébé, le rebozo est utilisé. Enfin pendant l’accouchement, cette étole peut être utilisée pour soulager la femme dans certaines postures, lui permettre de s’étirer ou bien trouver la position qui soulage pour que le bébé puisse arriver.

Donc tout commence dès la grossesse. A la naissance, le rebozo est utilisé pour porter le bébé. Ensuite peu à peu dans la vie du quotidien, le rebozo est également utilisé pour porter les courses etc… Je me rends compte que ces explications sont surtout valables pour les femmes qui l’utilisent de manière encore très traditionnelle. Il peut être utilisé aussi pour les cérémonies. A la fin de la vie il est utilisé pour orner le cercueil et indiquer le sexe du défunt, en l’occurrence ici : une femme.

Donc le rebozo accompagne différentes étapes de vie, des plus grandes étapes et transitions aux moments les plus basiques : quand on ressent un peu de fraicheur en fin de journée et qu’il est tellement agréable de poser sur ses épaules cette étole.

Quel est le lien avec la formation en slow rebozo ?

Dans cette formation, l’idée était d’utiliser le rebozo pour les moments de transition dont la grossesse et le post partum c’est-à-dire après l’accouchement.

L’utilisation n’allait pas se faire n’importe comment : elle allait se faire en douceur et en lenteur.

C’est comme si depuis ce moment, la lenteur s’était incrustée dans ma vie. Immiscée jusque dans mes gestes pro : pourquoi aller vite si je pouvais aller lentement.

Et depuis un an cela progresse. Je ressens de plus en plus la lenteur et j’ai envie d’en profiter, de me délecter de cette lenteur, du processus en cours. Parce que c’est le processus-là qui me fait kiffer et je me rends compte que c’est la première fois où je le vois ainsi.

Avant j’aurai voulu aller vite, j’étais impatiente, il aurait fallu l’utiliser vite au plus de monde possible et là je ressentais un besoin viscéral de respecter cette lenteur.

Si je voulais pratiquer dans la lenteur, je voulais que tout se mette à ce diapason parce que sinon comment être dans la lenteur si je suis impatiente ?

Dans mes gestes et la manière de pratiquer le slow rebozo, je retrouve un ancrage tellement riche et protecteur. Je savoure chaque seconde qui passe et je me rappelle de l’art d’Anne ma formatrice. De sa manière de se mouvoir, de ses mouvements, de ses danses avec le rebozo et le corps de la personne accompagnée. J’ai eu envie de pratiquer comme elle, de répéter encore et encore les gestes, les mouvements, les postures pour retrouver cette essence même de la lenteur et de la douceur. Cette caresse, cet enveloppement comme celui d’une mère, cette sécurité ressenti dans les tissus des rebozos, dans ces tissages.

Je ne peux pas vous parler du rebozo et du slow rebozo dans la rapidité, dans une forme de ferveur qui peut être casserai sa lenteur, sa douceur. J’ai cru qu’être douce était une faille, c’était être faible alors qu’en fait en étant dans la douceur je révèle à l’autre et à moi-même une profondeur, une présence, une conscience dans le mouvement et dans ce qui est ressenti.

Le rebozo contient et en contenant il libère, il libère les tensions, nous montre les contours du corps et de l’esprit. Il soutient, il montre le chemin vers plus de profondeur, d’intériorité, vers notre enfant intérieur voire même il nous emmène vers notre vie in utéro.

J’aime ce soin car il permet de se laisser guider là où s’est possible pour chacun d’entre nous. Le fait de le pratiquer tout en gardant ses vêtements permet de préserver également une sécurité là où certains massages peuvent nous confronter à notre propre nudité.

Le slow rebozo permet de rester dans son intimité, son intériorité et de rentrer en relation avec l’autre, le tissu à son rythme. C’est un soin en mouvement, dansé parfois.

Chaque transition peut être accompagnée avec le rebozo.

J’ai envie de l’utiliser pour libérer les femmes, la parole, sortir des tabous, permettre au trauma de remonter en sécurité et en douceur, étape par étape.

Je souhaite également le pratiquer pour redonner du pouvoir aux femmes, qu’elles prennent conscience de leur pouvoir de donner la vie à leur projet ou bien à leur bébé. De faire tout Ce travail de guérison et de libération en douceur. Pas la douceur niaise qui dirait que tout est rose, qu’on va souffler dans un ballon et se libérer de ses traumas mais la douceur qui accepte que chaque cellule, une à une peut se défaire d’un trauma, que ce travail étape par étape libère véritablement pour ensuite trouver sa propre voix.

Je pense qu’il est nécessaire de reconnaitre les traumatismes que nous avons vécu à notre échelle et de l’importance de la douceur dans ce processus de reconnaissance.